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Les Rencontres du Cœlacanthe#1 (dimanche 7 septembre 2014)
11 rue du 14 juillet 94270 Le Kremlin Bicetre
Les Éditions Cœlacanthe et l'association ASPAFIA ont mis en place "Les Rencontres du Cœlacanthe", un cadre dans lequel des personnalités, des cadres, des artistes, des écrivains peuvent venir exposer leurs idées et échanger avec un public large et diversifié.
Idriss Mohamed, principal animateur du Comité Maore, sera le premier invité des Rencontres du Cœlacanthe session 1
Idriss Mohamed a été un des principaux dirigeants de l'Association des Stagiaires et Étudiants comoriens (ASEC) basée en France et qui a pris un virage révolutionnaire dans les années 1970.
Il a été un des fondateurs et chefs du parti Front Démocratique créé au début des années 1980 aux Comores. En tant que dirigeant de ce parti, il fut arrêté avec d'autres en 1985, suite à l'échec d'un plan d'insurrection envisagé par le FD, avec l'aide de certains militaires. il connaîtra la prison et les tortures.
Comme le FD, Idriss Mohamed n'est pas sorti indemne de cette épreuve. Après la prison, il revient aux études et plus tard crée sa société : Comores Informatique.
Mais, peu à peu, au fur et à mesure de son opposition avec la direction de son parti, il s'éloigne du FD. Ainsi, en 2007, c'est en tant que candidat libre qu'il se présente aux élections à la présidence de l'Ile de Ngazidja, alors que le FD soutient un autre candidat.
Ces dernière années, il s'est consacré essentiellement au Comité Maore dont il est le principal animateur.
Fragments d'expérience raconte un parcours. Celui de l'auteur, mais aussi une partie du pays et de ce qu'on peut appeler aujourd'hui "la gauche révolutionnaire comorienne". Idriss Mohamed établit les ponts entre des événements qui peuvent parfois apparaitre comme n'ayant aucun lien. De la grève de 1968 à l'ASEC, de l'ASEC à la révolution soilihiste, de la révolution soilihiste au Front Démocratique et du Front Démocratique à une possible unité de toute la Gauche comorienne.
C'est par cette possibilité d'une unité qu'Idriss Mohamed clôt son livre. Mais, ce n'est pas vraiment une clôture mais plutôt une question. La gauche comorienne existe-t-elle et est-elle capable de donner sens à un projet patriotique ? C'est l'une des questions qui sera abordée dimanche prochain dans la session 1 des "Rencontres du Coelacanthe".
La conférence sera présentée par Mahmoud Ibrahime.
FRAGMENTS D'EXPÉRIENCES
ISBN : 979-10-91275-14-9
EAN: 9791091275149
Idriss Mohamed aborde dans ce livre son parcours de révolutionnaire.
Le récit débute en 1970 lorsqu'il arrive en France pour poursuivre des études et qu'il entre presque par hasard dans l'Association des Stagiaires et Étudiants comoriens (ASEC). Il décrit le fonctionnement de cette association à cette époque...
Gros plan sur l'ASEC
Après le très instructif ouvrage du docteur Oulédi sur les années ASEC, voici un autre point de vue, travaillé à partir d'un nouvel angle,et signé Idriss Mohamed : Fragments d'expérience, publié aux éditions du Coelacanthe. En attendant, avec impatience, les livraisons de Moustoifa Said Cheikh, Abderemane Koudra, Aboubacar Mchangama, Aboubacar SaidSalim, ou encore Ahmed Ali Amir, Assaf Sahal...
Il y a, on ne sait trop, une hésitation à qualifier cet ouvrage, et à l'insérer dans une classification définie ou une facture particulière. Un témoignage, des mémoires, un bilan, une étude, tout y est, il y a un peu de ceci et de cela à la fois. C'est, quelque part, dans un élan de sincérité religieuse, une confession, une sorte de mea culpa salvateur qui va glissant vers la rédemption. Une invitation au survol du romantisme révolutionnaire des Comores qui a traversé et marqué les années soixante-dix. A la poursuite d'un rêve : "l'idéal patriotique révolutionnaire". Où l'on apprend que Moroni a connu son "mai 68", quelques mois avant celui qui a secoué le pouvoir du Général De Gaulle, à Paris. Fragments d'expérience, c'est surtout un récit riche d'enseignements. Si, comme le consacre le sens commun, l'ASEC était une école, l'ouvrage d'Idriss est un manuel, la notice de mode d'emploi de l'ASEC et du FD. Une sorte de visite guidée dans les méandres du mouvement qui essayait de jeter ses tentacules sur toutes les administrations de l'Etat comorien, dans une stratégie secrète de noyautage.
Une plongée dans les profondeurs de la nébuleuse révolutionnaire, l'ouvrage d'Idriss Mohamed Chanfi renseigne sur la vie du mouvement gauchiste dans le paysage politique de l'archipel des Comores. De sa naissance dans un archipel colonisé à sa maturation comme force patriotique de lutte contre le joug colonial ; de la récupération et la transformation de l'ASEC à la création du FD, il est question ici d'un regard froid, objectif, impartial et sans concession, un regard interne d'un militant qui a gravi tous les échelons et vécu toutes les turpitudes, avant d'emprunter la porte de sortie, après être passé par toutes les cases, notamment celle de la prison. Un travail réalisé avec une sincérité sans faille et un sens du devoir.
Fragments d'expérience, parcours d'un révolutionnaire comorien est une introspection réussie, avec le recul nécessaire, plus de 40 ans de combat, et un récit sans fard de la vie au sein de ce qu'on peut qualifier de politburo, l'instance dirigeante du mouvement. Idriss parle de lui, de sa vie de militant, de cadre dirigeant, de ses doutes, de son engagement, de ses déceptions, de sa mise à l'écart ; il parle de ses amis, camarades de lutte, de galère et de cellule. Il parle sans concession de leur aveuglement ("nous n'avions rien compris au pays"...), des trahisons, des désillusions et des désenchantements de l'idéologie communiste, tendance marxiste-léniniste, dont le combat contre la colonisation, transformée en combat contre les mercenaires, puis contre la France sur la question de Mayotte, est devenu une lutte fratricide pour le contrôle des instances du parti. Il raconte tout cela sans tomber dans le piège du règlement de comptes.
C'est aussi l'histoire d'un écorché vif, déçu des transformations de ses camarades anciens asecards embourgeoisés. On retrouve un peu d'Etore Scola, avec son chef d'œuvre culte C'erabamo tanto amati (Nous nous sommes tant aimés) dans le traitement des acteurs qui étaient aux avant-postes du mouvement. Il montre les transformations et les multiples mutations du Front Démocratique. Idriss touche du doigt, au risque de remuer des plaies non encore cicatrisées - malgré le temps et les diverses adaptations subies, imposées ou voulues - les dysfonctionnements qui ont jalonné l'histoire du mouvement. L'auteur, ancien militant, propose, sous le prisme de la sociologie politique, un éclairage nouveau sur les principaux événements qui ont marqué l'archipel, à travers la proclamation de l'indépendance, le putsch et la révolution soilihiste, la restauration avec les mercenaires, les tentatives de séparatisme avec les manipulations des réseaux de la Françafrique, et l'avènement d'une nouvelle république. Il va jusqu'à fustiger le parti, lequel, d'après lui, a trahi ses idéaux en s'adaptant à la conjoncture politique et en devenant "un parti comme les autres", dont l'objectif est le partage de maroquins.
Cependant, Idriss ne rend pas encore les armes, la lutte doit se poursuivre d'après lui. Ce livre, c'est également un cri de détresse : Idriss tire sur la sonnette d'alarme pour inviter les Comoriens à un réveil patriotique, pour faire face aux enjeux qui s'annoncent, ainsi qu'aux dangers qui nous guettent, à l'aube de la 41e année de l'accession des Comores à la souveraineté internationale. Une note d'espoir en cette période d'agitation où les indignés de tous les pays provoquent des printemps...pour de nouveaux lendemains qui chantent.
Ahmed SAST