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Saïd Mohamed Cheikh, réformateur du âda ?
Le Président Saïd Mohamed est souvent présenté comme un des premiers à avoir voulu réformer le âda, le grand-mariage comorien. Cette institution de la société comorienne, souvent mise en cause par la jeunesse, s’est maintenue pendant la colonisation.
Encore aujourd’hui, même si elle n’est pas le seul élément, elle peut déterminer la place qu’occupe un notable dans son village ou dans sa région. Le premier reproche que les jeunes font à cette coutume est son coût, avant même les avantages qu’elle apporte, dans la société, aux privilégiés qui réussissent
à l’accomplir.
Il semble que dès les années 1950, le mouvement contre ce mariage se fait sentir auprès de la jeunesse présente à Ngazidja. Ce n’est qu’en 1966 que la classe politique décide de se saisir de la question.
Délibérations et arrêtés
Pour se faire une idée sur cette tentative de réforme de la part des politiciens des années 1960, l’historien a en mains trois documents publiés au Journal officiel des Comores en 1966.
Le premier est la délibération n°66-12 adoptée par la Chambre des Députés des Comores le 18 juillet 1966. Elle est présentée comme destinée à « limiter les dépenses somptuaires occasionnées par certains usages de coutume comorienne ». Cette délibération est accompagnée d'une annexe contenant des « versets duCoran se rapportant au bon usage des biens de ce monde ».
Le deuxième document est l'arrêté n° 66-976/PR/INT signé par le Président du Conseil de Gouvernement le 4 août 1966 et « rendant exécutoire la délibération n°66-12 du 1er juillet 1966 de la Chambre des députés ».
Le troisième document, annoncé par l’arrêté précédent est également un arrêté du Président du Conseil, daté du 24 août 1966 « arrêtant la liste pour la Grande-Comore des coutumes occasionnant
des dépenses somptueux et dont la pratique est interdite ».
L’autonomie interne
En 1966, l’archipel des Comores est un territoire encore sous colonisation. Mais, il bénéficie depuis décembre 1961 d’un régime d’autonomie interne dans lequel existe une Chambre des Députés qui élit un Président du Conseil de Gouvernement. Théoriquement, les hommes politiques locaux, et principalement le Président, ont la charge des affaires internes. Ils peuvent donc légiférer sur les coutumes et sur la justice musulmane (la justice d’une manière générale restant entre les mains des fonctionnaires coloniaux).
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