Une certaine solitude

J’avais commencé par écouter le livre de Rahma avant de le lire. C’était dans la librairie Libre Ere au 111 boulevard Ménilmontant, il était 19 heures, il faisait déjà nuit, les trois comédiens s’étaient réunis, prêts à renverser sur nous l’encre de la cinéaste et de l’écrivaine.

Au milieu, il y avait Jeanne qui, bien que devant le micro, sa voix était à peine audible…mais elle avait quelque chose qui touchait à la grâce et qui provoquait inévitablement en vous un frémissement. Elle avait cette manière de lire les mots de Rahma, de s’en emparer et de les porter vers vous afin que le texte devienne reflet.

Après ça, impossible de partir sans avoir pris le livre. Je m’étais dit « ça sera ma lecture du weekend », et pourtant, me voilà à peine sortie d’un lieu qui m’avait laissé une impression d’enchantement, que je ne pus m'empêcher de feuilleter Seule, encrée dans le sol. Mon regard, brouillé par la fatigue, traquait l’histoire, son commencement, ses rebondissements…. Mais, il y avait là autre chose. Les confidences d’une voix narrative qui partageait bien plus que de simples moments amoureux, déployant tout un champ de rêverie. Je découvris aussi des photographies que ma lecture ranimait, leur donnant une résonnance ; des échos de cris et de silences. Ecriture et photographie se confondaient donc, mettant l’accent sur des moments précieux, certainement éphémères et presque douloureux, partant à la quête des brèches qui se creusent au fil du temps, de la beauté dans les abîmes où l’on a parfois chuté.