L'hôtel Galawa Beach Comores
Avec ce livre sur l’hôtel Galawa, Idi Papa Claude MOHAMED est conscient de remuer le couteau dans la plaie. Les gens du Nord (région de Mitsamihuli) n’ont pas encore avalé la mise à mort de leur bijou, du « fleuron » du tourisme comorien, atteint par l’immobilisme d’un gouvernement Azali 1, mort sous les coups des bulldozers et des rêves destructeurs du président Sambi en 2008, enterré par le gouvernement Ikililou.
Nous sommes au début des années 1980, la pression de la communauté internationale contre l’Apartheid ne cesse de monter. Aux Comores, c’est le régime d’Ahmed Abdallah soutenu par les mercenaires français. Le pays offre ses services au régime de Pieter Botha pour contourner l’embargo international. Le président Ahmed Abdallah et ses ministres sont donc reçus en grande pompe à Prétoria, alors que Nelson Mandela est en prison et les militants de l’ANC, dont le principal tort est d’être noirs, sont traqués et torturés.
La décision de construire aux Comores l’hôtel Galawa a donc deux objectifs : d’une part remercier les autorités comoriennes pour leur soutien au régime de l’apartheid et d’autre part permettre aux riches Sud-africains qui ne sont plus acceptés nulle part, de pouvoir partir en vacances hors de l’Afrique du Sud. L’auteur évoque rapidement ces aspects aux pages 13-14 de son ouvrage.
Le Galawa Beach hôtel a été inauguré en janvier 1989 et fermé après l’assassinat du président Abdallah. De fait, le récit d’Idi Mohamed oscille entre fermetures et espoirs d’ouverture. Espoir surtout pour les petites gens de la région du Nord : cultivateurs, pêcheurs, jeunes en quête de travail ou de formation aux métiers du tourisme… pour tous l’ouverture de l’hôtel fut une aubaine et la fermeture une catastrophe.
Fils d’un employé de l’hôtel, originaire de Mitsamihuli-ville, aujourd‘hui installé en région parisienne, l’auteur a eu accès à de nombreuses archives sur la construction et sur les négociations entre les différents propriétaires et les gouvernements successifs. Il en verse une partie à la fin du livre. Sa plume est sans concession envers les hommes politiques comoriens. Mais, elle est aussi empreinte de l’espoir de toute une région qu’un jour un président comorien pense à reconstruire l’hôtel Galawa.
Mahmoud Ibrahime